La rose
Un poème sur le deuil, que j’ai focalisé sur Marie pour que ce soit moins dur d’en parler.
Qu’est-ce qu’on pose
Aux pieds d’une mère
Qui a perdu son enfant?
Qu’est-ce qu’on dit?
Qu’est-ce qu’on chante?
Quelle douleur pourrait égaler
La tienne
Pour que je sente?
Pour que je ne te laisse pas seule
Dans ta détresse
Pour qu’un ciel d’orage se déchaine
Et suffise, enfin,
À égaler ta peine…
J’ai levé les yeux,
Dans les sables du désert
Je t’ai vu,
Sous ton voile,
Les joues maculées de terre,
Suppliant ;
Tu aurais pleuré du sang
Si on t’avait laissé faire.
Perdre un enfant,
C’est se faire amputer.
La vie n’a d’égale que sa propre cruauté.
C’est gonfler ses poumons
Et se demander
Pourquoi on est en bonne santé.
Je n’avais rien à t’offrir,
Maman,
Alors je t’ai regardé.
J’ai pleuré avec toi et,
Ridicule dans sa nudité,
C’est une rose
Que j’ai posé à tes pieds. —
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#12 - Le ballon bleu
L’histoire d’une journée difficile…
À un moment, j’ai perdu le sens de la gravité…
Quand on s’éloigne de tout, c’est plus facile de voler.
Sur la route, j’ai trouvé un ballon bleu.
Tout petit, un peu dégonflé, mais si ridiculement beau comparé à tout ce qui l’entourait... J’ai décidé de m’y accrocher.
J’aurais eu honte de l’abandonner moi aussi. Alors je l’ai emporté.
Parce que ce jour-là, j’ai vu un monde vaste et cruel tout autour. Un monde qui traite les gens comme des ballons.
J’ai eu peur, voilà tout. —
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Il me reste tant à pleurer
(Texte original: Anglais — traduction à la fin ↓↓↓)
I have so much left to cry
I have so much left to cry.
Did it occur to you?
That perhaps behind those many smiles
Lies a silence
That won’t die.
I have so much left behind.
All of those days
Of joyful trust
And of those dreams
Barely untouched…
I never came to realise
That I had so much left to cry
Before I’m ready
To hold one’s gaze,
Before the sun
Can rise again.
I have so much left to fear,
And question,
And pray for.
So much to be seen
And cared
And fought for.
And as I know,
This day will come:
Inevitable rise,
From the depths
Of a black-ink storm,
I shall soon get up
And fill the sky
With bursts of laughter
And merry light
But I have so much left to learn
That I don’t know
Which one will first
From my mistakes
Or deepest hurts
Teach me the greatest way
To grow.
I feel it roll and roll
Like long time dreams
Buried in snow
Down by my cheeks
Gently, they roll.
So I stop by the window
And sit.
The winter cold
Blushing my cheeks
Gives me a little time.
To rest
And think.
I can see clearly now
From a bird’s eye view...
All the days I have denied
Fighting with fierce for what was mine
I never seemed to understand
That overwhelmed and somewhat tried
I still had so much left to cry. —
Il me reste tant à pleurer
Il me reste tant à pleurer.
Y as-tu pensé ?
Que peut-être derrière ces nombreux sourires
Se cache un silence
Qui ne veut pas mourir.
J’ai tant laissé derrière moi.
Tous ces jours
De confiance joyeuse,
Et ces rêves
À peine effleurés…
Je n'ai jamais réalisé
Qu'il me reste tant à pleurer
Avant d'être prête
À soutenir le regard de quelqu'un,
Avant que le soleil
Ne se lève, au loin.
Il me reste tant à craindre,
À questionner,
Et pour lequel prier.
Tant de choses à voir
À combattre,
À soigner.
Et comme je le sais,
Ce jour viendra:
Inévitablement, il se lèvera,
Des profondeurs
D'une tempête plus noire que l’encre ;
Oui, je sais que je me relèverai, battante,
Et que bientôt j'emplirai le ciel
D'éclats de rire
Et de lumière joyeuse
Mais il me reste tant à apprendre
Avant de pouvoir être heureuse.
Je ne sais pas,
De mes erreurs
Ou de mes blessures les plus profondes,
Laquelle sera, pour m’enseigner à vivre,
La plus féconde.
Je les sens
Glisser et glisser
Le long de mes joues,
Comme des rêves
Enfouis dans la neige
Gentiment, elles roulent.
Alors je m'arrête à la fenêtre
Et je m'assois
Dans le froid de l'hiver.
La brise, la distance, le vent,
Me donnent un peu de temps
Pour me reposer
Et réfléchir.
Je peux tout voir clairement
À vol d'oiseau.
Tous les jours que j'ai reniés
Me battant rageusement pour oublier
Je n'ai jamais voulu comprendre
Qu'avant de pouvoir nous retrouver,
Il me restait encore tant à pleurer. —
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