La rose

Un poème sur le deuil, que j’ai focalisé sur Marie pour que ce soit moins dur d’en parler.

 

Qu’est-ce qu’on pose

Aux pieds d’une mère

Qui a perdu son enfant?

Qu’est-ce qu’on dit?

Qu’est-ce qu’on chante?

Quelle douleur pourrait égaler

La tienne

Pour que je sente?

Pour que je ne te laisse pas seule

Dans ta détresse

Pour qu’un ciel d’orage se déchaine

Et suffise, enfin,

À égaler ta peine…

J’ai levé les yeux,

Dans les sables du désert

Je t’ai vu,

Sous ton voile,

Les joues maculées de terre,

Suppliant ;

Tu aurais pleuré du sang

Si on t’avait laissé faire.

Perdre un enfant,

C’est se faire amputer.

La vie n’a d’égale que sa propre cruauté.

C’est gonfler ses poumons

Et se demander

Pourquoi on est en bonne santé.

Je n’avais rien à t’offrir,

Maman,

Alors je t’ai regardé.

J’ai pleuré avec toi et,

Ridicule dans sa nudité,

C’est une rose

Que j’ai posé à tes pieds. —


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Infidèle

 

Je ne veux pas de ta fidélité. 

Fais l’amour avec elle. 

Ne pense à rien, 

Suis les corps qui te ramènent 

Un à un 

Sur le chemin de la liberté. 

Laisse ton odeur dans mes draps blancs, 

Et mes cheveux en bataille, 

Ne dis rien surtout, 

Reste, si tu veux 

Mais ne me réveille pas en partant. 

J’ai toute une vie pour comprendre 

Je suis si jeune, tu dis toujours. 

Mais je n’ai pas honte, j’ai peur : 

Comment on met des mots sur une bouche 

qui sont si durs à entendre? 

Tes lèvres, dans la nuit, qui cherchent, 

Les soupirs, 

C’est l’instinct de survie, 

Laisse faire. 

Il y avait quelque chose en toi 

Sur le point de mourir. 

Je ne regrette rien, 

J’ouvre les fenêtres, 

Je fais mon lit, 

Fais de même, 

Ne perds donc pas ton temps à réfléchir. 

Je n’ai pas de larmes à sécher, 

Ni de noms à maudire. 

Je ferme les yeux au soleil. 

Il y a une journée à saisir. 

Un instant, je médite. 

L’autre

Je me souviens de ce qu’on souffre 

Quand on perd un droit qu’on croyait nôtre. 

Mais on ne décore pas une cage 

Quand on aime un oiseau, non. 

On ouvre la main, 

C’est un fait. 

C’est un don. 

Fidèle est celui qui trouve la paix 

Sur le chemin de la maison. —


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