La rose
Un poème sur le deuil, que j’ai focalisé sur Marie pour que ce soit moins dur d’en parler.
Qu’est-ce qu’on pose
Aux pieds d’une mère
Qui a perdu son enfant?
Qu’est-ce qu’on dit?
Qu’est-ce qu’on chante?
Quelle douleur pourrait égaler
La tienne
Pour que je sente?
Pour que je ne te laisse pas seule
Dans ta détresse
Pour qu’un ciel d’orage se déchaine
Et suffise, enfin,
À égaler ta peine…
J’ai levé les yeux,
Dans les sables du désert
Je t’ai vu,
Sous ton voile,
Les joues maculées de terre,
Suppliant ;
Tu aurais pleuré du sang
Si on t’avait laissé faire.
Perdre un enfant,
C’est se faire amputer.
La vie n’a d’égale que sa propre cruauté.
C’est gonfler ses poumons
Et se demander
Pourquoi on est en bonne santé.
Je n’avais rien à t’offrir,
Maman,
Alors je t’ai regardé.
J’ai pleuré avec toi et,
Ridicule dans sa nudité,
C’est une rose
Que j’ai posé à tes pieds. —
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