Le prisonnier
d’Alcatraz
Thomas E. Gaddis
1955
Langue originale: Anglais (américain)
Genre: Biographie
“Dans les eaux limoneuses de la baie de San Francisco, entre la ville et le pont du Golden Gate, quatre hectares de roche grise se dressent comme un poing fermé: l’île d’Alcatraz.
Là vit un homme que les Etats-Unis d’Amérique détiennent dans une cellule d’isolement depuis 1916. Lorsque les portes de fer se refermèrent derrière lui pour la première fois, Théodore Roosevelt était président. Le Kaiser Guillaume II (dernier empereur d’Allemagne) était dans la fleur de l’âge, et le coup de feu de Sarajevo n’avait pas encore été tiré.
Lorsque ce prisonnier embrassa une femme pour la dernière fois, le Titanic n’avait pas encore coulé, et la Russie était gouvernée par un tsar. (…) Il est en isolement depuis trente-neuf ans, soit plus de temps que n’importe quel autre prisonnier fédéral de l’Histoire. Quel genre d’homme est-ce? Comment vit-il? Qu’a-t-il fait? Que lui a-t-on fait? (…)
Est-il fou? Le Département Fédéral des Prisons assure qu’il n’est en rien psychotique. Il ne reçoit aucun traitement. Est-il violent? On affirme qu’il n’a commis aucun acte de violence depuis 1920. Avant cela, il avait tué deux hommes. On aurait pu lui concéder la liberté conditionnelle depuis 1936.
Est-il dangereux? Même à Alcatraz (le dernier bastion du système pénitentiaire fédéral), on le maintient en cellule d’isolement. Il était déjà derrière les barreaux quand Alcatraz n’existait même pas comme prison civile. Avant les gangsters, avant la Prohibition, avant même qu’existe le Département Fédéral des Prisons. (…)
Petit-fils d’un juge, il est probablement le seul condamné de l’histoire à avoir défié un département gouvernemental et obtenu que les autorités changent d’attitude envers lui. Le conflit concernait des oiseaux. Des canaris, plus précisément. (…)
Son long confinement et sa curieuse vie constituent l’une des plus grandes énigmes de l’histoire pénitentiaire mondiale. Après quatre décennies de châtiment profond et prolongé, son esprit est resté inébranlable. C’est un mort vivant: Numéro 594, Alcatraz.
Il s’appelle Robert F. Stroud. Et ceci est l’histoire de sa vie.”
— The Birdman of Alcatraz, première page.
Adaptation cinématographique: John Frankenheimer, 1962, avec Burt Lancaster.
Et le vrai Robert Stroud, à Alcatraz.
